De l'inutilité et de l'hypocrisie d'AdBlock Plus

Numerama annonce que facebook contourne les bloqueurs de publicité. Vous en utilisez un ? Dommage !

Je le dis et le répète depuis des années à qui veut l’entendre, c’est-à-dire peu de monde : les solutions de type AdBlock sont parfaitement inutiles. Pourtant, ces solutions sont toujours aussi populaires.

Et, pourtant, ce n’est pas faute d’avoir parlé de méthodes alternatives pour bloquer les publicités. J’en ai même développé une, que, certes, je ne maintiens plus, car j’ai trouvé depuis d’autres outils tout aussi adaptés dont je parlerai plus bas.

Encore une fois, parmi toutes les solutions de blocage de pubs, celle du plugin pour navigateur est définitivement la moins efficace, la moins utile et la moins sûre. Et cela vaut pour AdBlock Plus, mais aussi les “concurrents”, même libres, qui peuvent ne plus être maintenus.

Quand, dans l’article de numerama, je lis des choses comme ça :

L’escalade entre pro- et anti-bloqueurs de publicité risque d’atteindre de nouveaux sommets dans les semaines et les mois à venir

Cela me donne l’impression que personne n’a compris l’inutilité des bloqueurs de publicité, ni qu’il existe des méthodes alternatives bien plus efficaces. Et notamment le blocage DNS, utilisé depuis des lustres par les gouvernements et les outils anti-spam, très simple à mettre en place, et qui peut même permettre de tromper l’ennemi1.

Par extension, cette “escalade” est la preuve fondamentale de l’ineptie de la publicité sur Internet. Car l’internaute est libre. Libre des outils qu’il utilise, du système d’exploitation au navigateur web, en passant par la façon dont il récupère les informations issues de serveurs distants. Il y aura toujours une solution pour contrecarrer les plans démoniaques des régies publicitaires. Toujours. Et tout l’argent que ces régies injectent dans les développeurs qui conçoivent des dispositifs de contournement du blocage de leurs pubs devrait plutôt être injecté dans du contenu de qualité.

Bref. Il faut utiliser des solutions de blocage par DNS et arrêter définitivement avec cette ineptie des bloqueurs de pubs. Si on n’a pas la chance d’avoir un routeur sous pfSense, ou de pouvoir héberger un serveur DNS à la maison, on peut utiliser un Raspberry Pi avec PiHole. Si on n’a pas de Raspberry Pi et qu’on n’a pas envie de dépenser une petite trentaine d’euros pour être tranquille, il y a toujours une solution 100% gratuite et simple à mettre en œuvre : la modification de son fichier hosts. Il y a toute une flopée de tutoriels en français pour le faire.

Pourquoi c’est mieux que AdBlock Plus ? Parce qu’il est connu et reconnu que cet outil se fait en partie financer par les régies publicitaires, qui finissent par ne plus être dans les listes de blocage moyennant une contribution financière. Et, parmi elles, Google qui a annoncé avoir atteint des bénéfices records grâce… aux publicités.

Arrêtez de croire au Père-Noël et de vous voiler la face. Si vous ne faites pas vous-même le boulot en dégageant AdBlock Plus et en faisant du blocage par DNS, ne vous plaignez pas de voir facebook mettre en place des contre-mesures, ou certains éditeurs bloquer l’accès à leur contenu merdique.

Il n’y a qu’un seul cas où le blocage par DNS ne sert à rien : si l’éditeur du site place ses outils publicitaires sur le même domaine que du contenu légitime. Dans ce cas, point de salut avec le blocage par DNS évidemment. Mais d’un autre côté, un site qui organise son contenu de cette façon ne mérite pas d’être visité. Donc en sus du blocage par DNS, nettoyez votre liste de favoris…

Pour en revenir à facebook, rappelons-leur simplement que l’article 20 de la Loi pour la confiance dans l’économie numérique impose en France une distinction claire entre contenu promotionnel et contenu réel. Bien qu’elle ne soit pas toujours respectée, cette loi existe, et est faite pour protéger les internautes, et doit donc être connue et appliquée. Même si en face on a facebook et ses milliards (de dollars, d’utilisateurs, de publicités).


  1. La méthode classique consiste typiquement à associer le nom de domaine à bloquer à l’adresse 0.0.0.0. Au lieu d’utiliser cette adresse, on utilise l’IP d’un serveur Web sous notre contrôle, ce qui permet d’envoyer toutes sortes de choses. Dans mon cas, je l’utilise pour renvoyer un en-tête HTTP 410, ce qui me permet de distinguer facilement les éléments bloqués dans les outils de développement de mon navigateur. Mais il est possible d’aller beaucoup plus loin. Une méthode commune pour détecter la mise en oeuvre d’un système de blocage de pub est d’attendre qu’un script publicitaire renvoi une certaine variable. S’il ne le fait pas, on vous affiche un message vous demandant de désactiver votre bloqueur de pub. Il suffit de faire une liste de ces variables, et de les renvoyer pour tromper l’ennemi. C’est de la théorie, et il ne fait aucun doute que ces faux geeks déchus finiront par trouver comment contourner cela. Si tant est que tout le monde abandonne AdBlock Plus et passe au blocage DNS. Mais comme toujours, nous trouverons aussi une parade.