- Contexte
- Passer à la 4K
- L’imposition du dématérialisé
- Quelques points de comparaison
- Questions/réponses fictives
- Conclusion
C’est certainement une évidence pour nombre d’entre vous, mais ce n’était pas le cas pour moi, jusqu’à ce que je veuille renouveler mon équipement.
Contexte
Détenteur d’une platine Sony BDP-S490 depuis quelques années, j’en suis très satisfait. Elle fonctionne toujours aussi bien, mais elle est incapable de lire ou de sortir du 4K. Étant donné que nous disposons d’un téléviseur 4K, c’est un peu dommage (surtout qu’à l’heure actuelle, nous n’avons pas encore la fibre).
Pour contextualiser un peu, on a une belle collection de Blu-ray, et j’apprécie d’avoir un support physique. C’est surtout le plaisir d’avoir des coffrets qui m’attire dans les Blu-ray (et dans les DVD, auparavant). Je dispose notamment de deux coffrets particulièrement intéressants : celui de la saga Jurassic Park (la première trilogie), qui contient une très belle statuette de T. rex qui défonce les portes du parc, et celui de la saga Back to the Future, comprenant un magnifique modèle réduit de la DeLorean.
En ce qui concerne la saga Jurassic Park, je me fais un marathon par mois (incluant évidemment Jurassic World). C’est juste un exemple, qui s’avère également vrai pour The Martian, et d’autres films. Ma “consommation” de blu-ray est donc relativement importante (pour moi à la fois en terme de temps consacré mais aussi à titre personnel, sentimental).
Le problème, c’est que c’est usant, à la fois pour les blu-ray (si le support de la platine s’affaisse, ou que la tête de lecture est usée, elle raye le blu-ray, sans compter les chutes dues aux boîtiers pourris), mais aussi pour la platine. Remplacer les blu-ray, c’est facile, en particulier pour la saga Jurassic Park : on fête les 30 ans du premier film cette année, et la deuxième trilogie est complète. Le coffret intégral est déjà sorti. Reste plus qu’à changer de platine (puis les autres de mes films préférés que j’aimerais avoir en 4K).
Passer à la 4K
Sauf que là, c’est un peu la douche froide.
Une bonne platine 4K, c’est dans les 300€+. Le double de ce que j’ai payé la BDP-S490 que je trouvais déjà pas donnée. Mais bon, vu l’usage que j’en fais et mon niveau d’exigence, je suis prêt à mettre la main à la poche.
C’est alors que j’ai regardé un peu les reviews des blu-ray, ce qui confirme ce que j’ai déjà constaté sans pour autant comprendre le phénomène, ni y chercher une solution.
Il existe plusieurs versions d’un même film (ou plusieurs versions de coffrets de sagas), et toutes ces éditions ne se valent pas. Évidemment, j’ai envie de dire, il existe une corrélation entre la popularité du film et le nombre de versions disponibles sur le marché (il suffit de penser à Star Wars pour s’en convaincre).
Si encore les différences entre ces versions se limitaient à la qualité de la jaquette, ou à la quantité de bonus présents sur le support, ou encore la présence ou non de plusieurs langues, voire une édition standard et une version longue, ça ne serait pas problématique. Le vrai problème des blu-ray (qui, rétrospectivement, existait déjà du temps des DVD), c’est que la qualité du film-même est variable.
D’une édition à l’autre, on peut se retrouver avec un film dont l’image est altérée, le son mauvais, bref, de basse qualité. Et, malheureusement, ça arrive aussi dans des coffrets “exclusifs” vendus une blinde. Par exemple, nous avons le coffret intégral de Harry Potter sous la forme d’une sacoche en carton, assez belle et bien faite. Au contraire des jaquettes des films, réduites à peau de chagrin, de mauvaise qualité, et depuis longtemps inutilisables.
En ce qui concerne ma saga préférée, Jurassic Park, j’ai noté deux problèmes majeurs : du grain, partout et tout le temps, et une bande son inégale, où le 5.1 peine à s’exprimer. Pourtant, mes blu-ray viennent d’un coffret estampillé ”Ultimate Collector”, et rien n’indique sur les pochettes que je dois m’attendre à des artefacts visuels (particulièrement visibles notamment lors de la réunion dans la salle des diapositives et lors de l’évasion du T. rex dans le premier film) ou à un son dénaturé (en particulier dans le troisième film).
Or, il existe des éditions des blu-ray de Jurassic Park qui ne sont pas affectés par ces problèmes. Je suppose que pour les connaisseurs c’est une évidence, mais pour moi, c’était l’état normal de mes films sur blu-ray ! Et je croyais aussi, naïvement, qu’étant les plus chères, les éditions Steelbook, présentées dans un beau boitier métal, devaient contenir le film dans sa meilleure qualité possible. Or, d’après les commentaires que j’ai pu lire ici ou là, les éditions Steelbook des films de la saga semblent être affectés par un bruit visuel particulièrement désagréable, le même que celui que j’ai sur mon édition Collector, alors que là on parle du coffret intégral comprenant aussi les trois films de Jurassic World.
En plus de ça, les remarques faites sur le coffret collector comprenant une statuette de Blue et de sa fille sont peu élogieux, et évoquent un plastique fragile et de mauvaise qualité. Du coup, j’ai renoncé à acquérir le coffret Collector, et j’ai cherché à me procurer les films individuels. Et là, c’est la même galère : le Steelbook de Jurassic Park est mauvais, il vaut mieux prendre la version “standard”. Pour The Lost World, c’est la version de base qui propose la meilleure image mais avec un son dégradé. Etc. En gros, tomber sur le bon blu-ray, offrant la meilleure qualité d’image possible (fournie par les masters 4K, dans le jargon) et la meilleure qualité de son possible (pas un Dobly tout dégueux sans profondeur, le vrai DTS de la bande son originale promue par Spielberg) relève plus de la chance que de la sélection éclairée.
L’imposition du dématérialisé
C’est alors que je me fis une réflexion, probablement avec dix ou vingt ans de retard sur tout le monde : ça pourrait être pas mal de les acheter en dématérialisé. Encore une fois, ce n’est pas une évidence pour moi.
Autant, 100% de mes jeux sont sur Steam, et je n’ai aucune copie physique. Pareil pour la musique, j’ai quelques CD mais de toute façon, je n’en écoute pas tant que ça, et quand j’en ai envie, j’ai Amazon Music avec mon compte Prime. Et pareil pour les livres, qui se trouvent essentiellement dans Apple Books (mais pas tous). Alors, qu’est-ce qui m’empêche d’acheter les versions dématérialisées de mes films préférés, en fin de compte ?
Direction le store d’AppleTV, pour y découvrir l’intégrale des six films Jurassic Park et Jurassic World pour… 39.99€, soit la moitié du coffret physique que j’ai sélectionné sur Amazon.
Je vérifie quand même quelques trucs importants pour moi : ils sont bien disponibles en 4K (donc quand j’aurai la fibre, la montée en définition se fera toute seule), avec la bande-son originale en anglais et sous-titres en français. C’est parfait. Il faut dire que j’avais déjà acheté quelques films sur la plateforme, je suis donc en confiance.
Après à peine une demi-journée de réflexion, je saute le pas, et je commence à explorer ce que je venais d’acheter. Et là, je découvre un tout autre monde.
Quelques points de comparaison
Un blu-ray, vous le savez, c’est presque aussi chiant à lancer qu’une VHS. Le chargement du blu-ray peut déjà prendre un certain temps, en fonction du blu-ray mais aussi de la platine. On se tape plein de séquences impossible à passer pour nous dire que le piratage, c’est pas bien, parfois pour nous dire que l’industrie nous remercie de ne pas avoir piraté, nous affiche des avertissements légaux qui ne sont même plus d’actualité (en tout cas, dans les mêmes termes). Ensuite, quelques bandes annonces dont on se fout royalement. On arrive enfin au menu, parfois tellement générique qu’on ne comprend pas sur quoi on appuie, avec une interface absolument immonde. Et ce n’est qu’après avoir passé tout cela qu’on peut profiter de son film. Je sais bien que c’est l’un des points d’accroche pour justifier le piratage, et je ne peux pas tellement leur donner tort.
Le streaming (qu’il soit légal ou non), tu sélectionne ton film, tu le lance, tu es tout de suite dedans. C’est virtuellement instantané. En pratique il y a évidemment un petit temps de chargement, deux à trois secondes sur ma connexion ADSL, probablement inexistant sur une connexion fibre.
La première chose qui m’interpelle dans la version vendue sur l’AppleTV, c’est la liste des bonus sur le côté. En fait, j’ai tout ce qui s’est fait autour de Jurassic Park. Il y a au bas mot trois heures de bonus, pour chaque film. Ils sont tellement nombreux qu’il faut naviguer dans des catégories pour tous les lire ! J’ai quelques blu-ray qui offrent un peu de contenu exclusif, mais ce n’est jamais aussi exhaustif. Je suis bluffé.
Je n’aurai jamais pu avoir accès à l’intégralité de ces bonus en achetant la moindre édition spéciale des coffrets des trilogies. J’en suis persuadé, parce que là on parle des making-of officiels parus entre 1993 et 2001. Les quelques bonus de ma version Ultimate Collector de la première trilogie ne contient même pas ces documentaires. Donc, premier bon point : du contenu additionnel exhaustif. Rien que pour ça, je suis déjà conquis.
Ensuite, la qualité d’image et de son est exemplaire. Aucun bruit ni banding dans la scène dans la salle des diapositives, ni lors de l’évasion du T. rex. L’image et le son sont parfaits, du début à la fin. Je redécouvre mon film préféré. Et je n’ai pas eu à me prendre la tête ou paniquer à l’achat pour être bien sûr que j’avais acheté la bonne version. C’est juste “de base” la meilleure image et le meilleur son, et tous les bonus possibles et imaginables. Les versions longues sont aussi incluses !
Questions/réponses fictives
Et si un jour Apple fait faillite, t’as plus tes films
Apple ? faillite ? On peut aussi se dire “Si Steam fait faillite, t’as plus tes jeux”, je n’y croirai pas plus. Et puis, si Apple ou Steam fait faillite, j’irais peler des châtaignes en forêt en attendant la mort.
Et si un jour t’aimes plus Apple et que tu veux quitter son écosystème ?
Je n’ai besoin que d’un seul périphérique pour accéder à mes films, qu’il s’agisse d’une tablette ou d’une AppleTV. Je me coltine bien une tablette sous Android de merde pour piloter ma maison, je ferai l’effort de garder l’une des meilleures box TV pour regarder mes films préférés.
Et si un jour t’as plus Internet ?
Je suis passé au forfait à 15 euros pour ce cas de figure. Et mettons que je n’ai plus Internet pour des raisons d’argent, j’aurai d’autres soucis que regarder la télé. Et avant d’en arriver là, j’aurai pris soin de télécharger mes films sur mon AppleTV 4K, puisque j’ai le droit de le faire.
Et si un jour le monde disparaît ?
Bah ça sera bien fait pour vos tronches.
Conclusion
Ma barrière psychologique concernant les films en dématérialisé est bel et bien tombée.
- J’ai fait l’économie d’une platine à plus de 300€, donc simplification des câblages, pas de vérification de compatibilité avec mon 5.1 et ma TV (actuelle et future), économies d’énergie.
- J’ai fait l’économie de temps de recherche pour trouver LA bonne édition pour CHAQUE film que je voulais en physique
- J’ai fait une économie substantielle (moitié moins cher) à l’achat de l’intégrale
Et au final, malgré toutes ces économies, j’ai tout ce que je veux : meilleure qualité d’image possible, meilleure qualité de son possible, des bonus tout le tour du bide, le tout sur une plateforme que j’apprécie et qui n’est pas prête de mettre la clé sous la porte.
Le blu-ray est mort. Pour moi, il n’a plus de raison de vivre dans ces conditions. Et en sortant de ma bulle, c’est pareil : le piratage massif de ces dernières années à montré que les gens voulaient consommer les films plus facilement, pas forcément gratuitement. Pas étonnant que Netflix et Amazon (et tous les autres, évidemment) sont aussi des acteurs majeurs sur le marché. Certains sont prêts à payer plusieurs abonnements sur ces plateformes pour bénéficier de leurs contenus. Le dématérialisé a été la meilleure réponse au piratage, tout comme elle l’a été pour la musique (vraiment grâce à Apple du coup).
Alors, c’est certain, cela nous prive de quelques libertés que je ne vais pas détailler ici parce que ça me gonfle (c’est bien expliqué ailleurs sur Internet). Perso, je m’en tape du marché gris, je m’en tape des goodies physiques si elles sont en plastique tout pourri, et ça me fait ça de moins à stocker dans mes étagères.
Je ne regrette pas cet achat, et je suis désormais pour la décentralisation totale de mes médias.
Je n’achèterai plus jamais de blu-ray, j’achèterai tous mes films sur la plateforme d’Apple.
Et je vous encourage à faire de même si vous êtes encore au stade de réflexion, voire d’opposition au dématérialisé.
Le simple rapport prix/(qualité+quantité)
pèse forcément dans la balance, et en dématérialisé, chez Apple en tout cas, ce rapport penche totalement pour Apple et non pour des blu-ray physiques.
La messe est dite. J’y retourne, j’ai pas fini les bonus de Jurassic Park.