Rétrospective 2023

  1. Dépression
  2. Autisme
  3. Médias
  4. Résolutions
  5. Conclusion

N'y allons pas par quatre chemins : 2023 a peut-être été pire que 2022.

Dépression

Pour commencer, je suis en dépression depuis décembre 2022. Il y a des fluctuations, des moments de "mieux" où j'ai l'impression de remonter la pente, avant de redescendre, parfois abruptement.

A en croire Wikipedia, la dépression est une maladie qui se soigne avec des médicaments, une thérapie, voire des stimulations intra-crâniennes. Oui, comme au temps où l'on "soignait" l'homosexualité. Je croyais la médecine humaine avancée.

Car c'est bien faire fi des raisons profondes du mal-être des dépressifs : la Vie Humaine. La compétition permanente, non pas pour être le meilleur mais pour être le plus conforme. Conforme aux attentes des employeurs, conforme aux attentes de la "société" (c'est-à-dire, le reste des humains).

Ma dépression est née de cette constatation que l'on a beau exceller dans son domaine, ce n'est pas pour autant que l'on va y réussir.

Je suis passionné d'informatique et de développement depuis que j'ai 5 ans. Je le fais à titre professionnel depuis 27 ans. Je maîtrise PHP depuis 25 ans. Je maîtrise Laravel depuis 7 ans. Et je ne suis personne.

Les employeurs ne veulent pas des gens techniquement excellents, ils ne font qu'imposer des filtres pour éviter de passer leur temps en entretien d'embauche. Il suffit de connaître de quoi on parle, nul besoin de maîtriser.

Je suis excellent dans mon métier, mais je ne suis pas conforme aux attentes des employeurs. Les employeurs veulent des maîtres de l'illusion. Des gens capables de les conforter dans l'orientation décidée pour l'entreprise, aussi stupide, inappropriée, abjecte soit-elle. Des gens capables d'inhiber totalement leurs sentiments, de simuler le positivisme, et de poignarder dans le dos leurs collègues les plus intègres, au bon moment qui plus est, de sorte à ne jamais imposer à l'entreprise la moindre concession.

Cet état d'esprit est celui qui nous mène à l'extinction massive de l'Holocène. La fuite en avant. Le profit illimité, occultant totalement les ressources primaires et non renouvelables, qu'elles soient naturelles comme l'eau ou l'énergie, ou qu'elles soient humaines.

Or, pour ignorer ces ressources primaires, on renforce l'illusion de pouvoir continuer d'avancer en imaginant des subterfuges que même la Nature ne peut contrecarrer. Chaque startup qui se vante de trouver une solution miracle à un problème qui n'existe pas est née d'un esprit malade, dont le seul but est d'engranger un maximum d'une autre ressource, illimitée, elle : l'argent. Soit que cet esprit soit lui-même persuadé du bien-fondé de cette idée, soit qu'il soit capable d'en persuader les autres avec une telle force que les billets pleuvent sans même les demander.

Une fuite en avant qui nous mène à la géo-ingéniérie, dont je parlais déjà dans l'introduction à L'Humain, cette espèce primitive et dont on commence à questionner la pertinence.

L'Humain a réchauffé la Terre. La réponse est évidente : on va la refroidir en occultant le soleil. La startup Make Sunsets va refroidir la Terre en injectant du soufre dans l'atmosphère. Alors que l'on va continuer d'émettre du CO2. Pas de doute, ce sont des esprits brillants qui sont à l'oeuvre, et les véritables esprits brillants - ceux qui ont conscience des implications d'une telle manipulation - sont réduits au silence. Normal : le grand patron de la COP28 prétend qu'ils veulent nous ramener à "l'âge des cavernes".

D'ailleurs, toujours à propos du climat, on brasse du vent, particulièrement ces dernières années.

On est en train de se faire rattraper par nos conneries perpétrées ces derniers siècles, et on fuit en avant parce qu'on a peur. Pas de l'extinction, c'est ça le pire ! Peur de ne plus faire de profit.

Et le monde scientifique dans tout ça ? Ben, comme tout le monde, ils n'ont plus de couilles. Perchés sur le scepticisme caractéristique - et justifié - des Hommes de Science, ils prennent d'énormes pincettes pour dire ce qui doit l'être, et du coup personne ne comprend ni l'urgence ni la gravité de la réalité. Et ceux assez couillus pour la marteler sont traités d'alarmistes prônant la décroissance et le retour dans les cavernes, donc. À force de tourner autour du pot, on annonce que la température moyenne augmentera de 1.5 degrés en 100 ans (pardon, 2 degrés, 1.5 c'est déjà foutu). Mais qui peut saisir ce que ça signifie ? Sous la douche, tu monte l'eau d'un degré, c'est plus agréable, alors bon, s'il fait 1.5 degrés partout de plus dans 100 ans...

Par peur d'être affublée de termes péjoratifs tels que "alarmiste", voire "catastrophiste" (et de perdre les fonds publics sur lesquels elle vit), la science s'est assagie. Elle s'est conformée. Aux états. Donc, aux peuples, aux gens, aux humains. Et accessoirement, à la COP28, où la science a simplement été évincée parce qu'elle empêche le profit.

Et la fuite en avant continue : on est en perpétuelle transition, dans un transhumanisme commun et forcé, vers quelque chose de nouveau, qui promet à la fois un bilan carbone neutre et une profitabilité infinie. Et les esprits les plus brillants de notre espèce y travaillent d'arrache-pied, persuadés qu'ils sont d'avoir choisi la meilleure voie possible.

Alors, on soigne la dépression avec des médicaments qui vont faire le travail qu'on ne peut pas faire soi-même : inhiber toutes ces pensées. La thérapie va aider à accepter qu'on ne peut rien y faire. Et les électrochocs vont dire à notre cerveau que ces pensées sont mauvaises et associées à un stimuli négatif. Bienvenue au "Moyen-Âge moderne".

En plus de ça, le message envoyé ici est que si tu n'acceptes pas ce qui se passe autour de toi, c'est toi le problème. Les gens sont-ils donc irrémédiablement persuadés que si la majorité dit quelque chose, elle a forcément raison ? Est-ce que l'humanité est si irréparablement stupide qu'elle est incapable de comprendre qu'elle se trompe ? Est-ce que tout, chez l'humain, est forcément biaisé par le profit ? Et comment me répondre "Ben, oui !" à cette question avec autant d'aplomb ?

Et je ne vous ai même pas encore parlé des raisons directes de ma dépression, c'est-à-dire l'état des choses actuel en matière d'informatique, mon monde comme j'aimais à l'appeler.

En effet, l'Intelligence Artificielle est - sans surprise - mentionnée tous les jours dans les actualités informatiques. Dernièrement, c'est Orange qui a annoncé que sa hotline allait être gérée par une IA. Dans une ultime démonstration de ma théorie selon laquelle l'Humain excelle à tenter de résoudre des problèmes sociaux par des moyens techniques. Partout où l'Humain est incapable de résoudre ses problèmes sociaux, l'IA sera là. Aujourd'hui c'est chez un fournisseur d'accès à Internet, mais bien fou celui qui prétendra que jamais la Sécurité Sociale ne sera gérée par une IA. L'Humain sera juste supprimé de l'équation, mais pas comme dans les films de science fiction. Il ne sera pas physiquement éliminé. On va juste supprimer des postes coûteux, mal-aimés, pénibles, mais qui, au moins, créaient un lien social, c'est-à-dire un échange entre humains, aussi abominables soient-ils.

Et ces échanges n'auraient pas besoin d'être abominables si les gens n'avaient pas supprimé leurs valeurs, aux motifs respectifs qu'il faut gagner de l'argent et que "c'est pas normal que ma connexion Internet ne marche pas". Ce sont les gens qui sont agressifs, et qui rendent pénible le travail des autres. On peut appeler une hotline sans forcément estimer que tout est dû, en gardant à l'esprit que la personne de l'autre côté du téléphone n'est pas elle-même responsable des déconnexions des clients. Et la hotline n'est pas obligée de considérer le client qui l'appelle comme un gros bourrin qui ne sait pas de quoi il parle.

Pour une société de "réseaux sociaux", où la "conformité sociale" est capitale à la réussite professionnelle, la société humaine me dégoûte par son absence d'humanité, et par l'érosion de la civilité.

"C'est comme ça, on n'y changera rien".

Reste l'acceptation, seule voie de sortie apparente pour contribuer un minimum à la société et que la société me rende le minimum. Accepter que je n'y changerai rien. Que je suis partie intégrante d'un tout qui va dans la mauvaise direction. Une sardine au milieu du banc qui fonce dans la gueule du requin, remise en permanence dans la même direction que les autres si j'ai le malheur de croire que mon chemin sera préférable à l'estomac du squale.

Je signale au passage que le peu d'activité sur mon blog est directement lié à mon état intellectuel : j'aurai des tonnes de choses à écrire, dans toutes les sections, mais je n'y arrive pas. Même cette présente rétrospective m'épuise.

Autisme

En 2023, comme manifestement beaucoup de gens, je me suis lancé dans le diagnostic d'autisme. Une évidence pour tout le monde autour de moi, dès lors que j'ai prononcé ce mot.

Le Centre de Ressources sur l'Autisme croule sous les demandes, au point que les délais de réponse sont considérables. Au mieux, un an, au pire, deux. Commencé en avril, le mien est toujours en cours.

Ce diagnostic fait écho à ma RQTH. Je pensais que ça m'aiderait sur le plan professionnel, mais la réalité est toute autre : la RQTH n'impose rien aux entreprises. Au mieux, on peut bénéficier d'un accompagnement pour que l'employeur comprenne pourquoi je lui demande de prendre certaines mesures (dans mon cas, le 100% télétravail à cause de mon anxiété sociale).

Mais, et quelque part, ça se défend, l'employeur n'a aucune obligation. S'il décide que c'est comme ça et pas autrement, il n'y a pas d'autre option que trouver un autre boulot. Facile à dire. Toujours est-il que la RQTH ne m'est pas encore venue en aide, et je doute qu'elle le fasse.

En fait, ce qui me dérange le plus dans tout ça, c'est probablement la quantité de gens qui se croient (ou qui veulent que les autres les croient...) autistes. Il y en a, manifestement (d'après les différents psys et médecins que j'ai croisé ces derniers temps), beaucoup. Et ils plombent les délais pour tous les "autistes légitimes". Comme si être autiste était le nouveau truc à la mode.

Bref. Il est temps de parler de choses un peu plus légères.

Médias

Le film qui m'a le plus marqué en 2023 est probablement Barbie. Je n'ai pas envie de m'étaler sur la question ici, mais disons que je l'ai trouvé drôle et intelligent. J'aurai plutôt parié sur Oppenheimer ; malheureusement, le film ne s'est pas révélé à la hauteur de mes attentes.

Côté séries, je salue l'arrivée - enfin - d'Alone sur Netflix. La meilleure série de survivalisme (le vrai) jamais produite. J'ai pas mal écumé les productions coréennes avec plaisir, en particulier À l'épreuve du Diable, poussif au début mais bien plus intéressant passé le premier épisode. Plus récemment, j'ai beaucoup aimé Chargés à bloc, une série délicieusement décérébrée, brute, palpitante, violente, drôle et sexy ; parfois, ça fait du bien.

Excellente surprise provenant de Norvège et dans le registre des films et séries de Noël : sobrement intitulée Tempête de Noël, cette mini-série très narrative est intelligente, réaliste, tragicomique ; plein de personnages intéressants, des acteurs excellents. Je suis bien content que Netflix nous permette de découvrir des productions étrangères car on y trouve parfois des pépites.

Dans un tout autre registre (celui des documentaires), j'ai adoré Prehistoric Planet (évidemment...) sur AppleTV+, et ce que j'aime à considérer comme la réplique de Netflix, La Vie sur notre planète.

Côté jeux-vidéo aussi je suis tombé sur des pépites. Elles ne se valent pas toutes, certes.

J'ai abandonné le magazine Sciences et Avenir face à la quantité de pubs et certaines hérésies (en particulier la promotion des croisières "scientifiques" sur d'immenses paquebots pollueurs et destructeurs de l'écologie marine). Il faut dire que les articles devenaient redondants avec Pour la science, que je lui préfère désormais. Je me suis aussi abonné au magnifique trimestriel Espèces.

Résolutions

Je ne suis pas encore passé à la 4K mais ça va venir début d'année 2024.

  • ✅ j'ai gardé le blog un an de plus
  • ❌ je n'ai pas publié une nouvelle version de Cyca, et je ne le ferai plus maintenant pour diverses raisons
  • ❌ je n'ai pas publié mon deuxième livre, je n'ai même pas commencé à l'écrire
  • ❌ pas eu de sixième saison à Camp Cretaceous
  • ❌ je n'ai pas aimé la dernière saison de Black Mirror
  • le changement de TV est prévu pour janvier ou février
  • ✅ j'ai changé ma station météo
  • ❌ pas de Steam Deck (et ce n'est pas une priorité)
  • j'ai enterré la question de copier mes Blu-ray les plus précieux : j'ai finalement eu meilleur compte de racheter mes films préférés sur AppleTV

Je ne vais pas essayer de formuler des prédictions pour 2024. Je sais juste qu'on va continuer de se faire gaver d'IA.

Conclusion

Le bilan est vraiment négatif pour 2023, mais 2024 devrait être un peu meilleure.

Je vous avais "promis" de vous "emmerder" avec les raisons pour lesquelles parler de 2023, 2024, etc. était inepte, mais j'ai décidé de vous épargner ça. Si vous êtes arrivés jusqu'ici, vous vous êtes déjà farcis ma dépression, inutile d'en rajouter une couche.

J'ignore ce que 2024 va nous réserver. C'est bateau comme phrase, mais pour la première fois de ma vie, je n'arrive pas à anticiper la suite.

On verra bien.