- L'art à portée de tous
- L'art des autres à portée de tout le monde
- L'art du prompt
- Un pont entre les arts
- L'art de la dichotomie
- L'évolution de l'art et l'art d'évoluer
- Il y a l'art, et les artisans
- Conclusion
Je poursuis mon exploration des outils d'intelligence artificielle générative rendus disponibles auprès du grand public. Après avoir eu une petite conversation philosophique avec ChatGPT, je m'attaque à la génération visuelle avec Leonardo.ai.
Sauf mention contraire, toutes les images présentées dans cet article ont été générées par mes soins avec Leonardo.ai
L'art à portée de tous
Je ne peux que constater à quel point il est facile de faire des choses assez propres, même sans rien connaître à l'ingénierie de prompt.
Si vous me connaissez un peu, vous savez que je dis souvent que je ne suis pas doué avec tout ce qui est frontend, esthétique, etc. Pas pour rien que je me présente - professionnellement - comme un pur développeur backend.
Au même titre que j'espère que ChatGPT deviendra un assistant d'écriture convenable, j'espère me trouver une plateforme ou un outil qui me permettra de générer quelques images, en particulier à destination de mon blog, mais aussi, dans un futur hypothétique, des réseaux sociaux sur lesquels je finirai par atterrir.
Partant du principe, donc, que je ne suis pas à l'aise avec la création graphique et novice avec les prompts d'IA, je constate avec soulagement, surprise et admiration que Leonardo.ai me sort des images "un peu" plus convaincantes que Stable Diffusion en son temps. C'est même très facile.
La création d'un compte sans payer nous offre 150 crédits par jour. Ces crédits sont dépensés en demandant à l'IA de générer des images, en fonction de tous les paramètres disponibles. Ces 150 crédits permettent déjà de s'amuser un peu : il faut compter un peu moins d'une dizaine de crédit avec les paramètres par défaut par prompt envoyé.
L'art des autres à portée de tout le monde
Mais avant de se lancer soi-même dans les joyeusetés, il est utile, important, voire capital de regarder ce que les autres ont fait. Plusieurs choses sont remarquables, mais n'oubliez pas que je suis dans un contexte de découverte : si vous êtes déjà familiers de ce genre d'outils, vous serez probablement un peu plus blasés que moi...
Leonardo.ai ne s'approprie pas le contenu généré via sa plateforme. Par contre, tout le contenu généré est disponible pour tout le monde, avec les prompts associés. La seule exception sont les comptes payants qui peuvent choisir de rendre leur contenu public ou privé. Je trouve que c'est tout à fait fair-play et ça m'encourage à poursuivre mon exploration.
Dans le contenu public, donc, on trouve de tout, et il est possible de "remixer" ce qu'on voit, de réutiliser le même prompt, de le changer pour l'adapter à ses propres envies, etc. Cette ouverture par défaut permet aux débutants, tels que moi, d'envisager directement la création de contenus relativement bien faits assez rapidement. On trouvera dans les prompts des autres une inspiration bienvenue, menant parfois à des découvertes surprenantes de créativité.
L'art du prompt
Certaines créations sont époustouflantes, ni plus ni moins. Soit que le prompt employé soit exceptionnellement simple mais si bien écrit que l'image résultante est bluffante, soit au contraire que le prompt soit exceptionnellement détaillé et habilement écrit, dénotant une maîtrise parfaite de l'outil et de ses possibilités. Évidemment, d'autres paramètres entrent en jeu (que je ne vais pas détailler ici parce que je ne les connais pas encore), mais le prompt en lui-même en dit long sur les compétences de son auteur.
Ce qui, inévitablement, conduit à la question redoutée et redoutable, qui est le véritable artiste : tous ceux dont les productions ont nourri l'IA, ou le virtuose du prompt ? Et pourquoi pas les deux ?
Je commence à me dire qu'on a inventé des mots, pour la plupart dont la paternité est depuis longtemps oubliée. Certains, en utilisant ces mots, ont publié des best-sellers. Ne faut-il pourtant pas autant d'esprit pour inventer un mot utilisé par un ou plusieurs peuples entiers que pour l'utiliser avec intelligence ?
Et si tout l'art qui avait été produit jusqu'ici ne faisait que devenir des parcelles visuelles que tout un chacun peut assembler comme bon lui semble, et ainsi devenir lui-même artiste, exactement comme on le fait avec les mots ?
Un pont entre les arts
Je l'ai dit plus haut : je souhaite parfois illustrer mes articles par des images, et je ne peux pas toujours compter sur l'existence ou la mise à disposition de contenus visuels. J'ai d'autres cas d'usage en tête, comme l'inspiration esthétique pour personnaliser mon blog, ou à des fins de publication sur les réseaux sociaux.
Or, n'ayant pas vraiment de sensibilité esthétique, j'estime toutefois bien me débrouiller avec du contenu textuel. En outre, j'ai l'avantage d'être parfaitement bilingue.
J'ai des images assez précises en tête, mais je suis parfaitement incapable de les coucher sur papier ou sur écran.
Par conséquent, je vois les outils tels que Leonardo.ai comme des ponts reliant les arts : à partir de texte, que je maîtrise, je peux produire du contenu visuel, que je ne maîtrise pas. C'est peut-être là la clé, le principe fondamental qui m'échappait jusqu'alors, et dont l'absence m'empêchait de voir ce que l'IA allait me permettre de faire.
Peut-être que l'IA était ce dont j'avais besoin pour exprimer ma créativité.
L'art de la dichotomie
Je n'avais pas du tout cette façon de penser lorsque j'ai testé Stable Diffusion, mais il faut reconnaître ou rappeler qu'à l'époque, je l'avais testé sur mon Mac mini M1, alors que Leonardo.ai se charge de la génération des images. L'IA étant consommatrice de ressources, on peut raisonnablement dire que la puissance de calcul actuelle disponible pour Leonardo.ai dépasse de loin ce que le Mac mini M1 pouvait offrir, sans compter les questions plus fondamentales d'entraînement quotidien des modèles avec les productions de milliers d'utilisateurs.
Il faut comprendre que vouloir comparer les deux cas de figure revient à comparer des torchons et des serviettes. Néanmoins, il reste intéressant de voir le chemin parcouru depuis à peine un an, un progrès précisément permis par l'utilisation quotidienne des outils via des plateformes centralisées.
Comprenez donc le flot émotionnel et philosophique qui me submerge et les contradictions qui s'accumulent dans ma tête : alors que l'IA implique des choses auxquelles j'ai toujours été fondamentalement opposé, j'ai fini par en être utilisateur, et même d'aimer ça, au point que je commence déjà à considérer payer 10$ par mois pour générer plus de contenu.
L'évolution de l'art et l'art d'évoluer
Cette dichotomie est d'autant plus surprenante pour moi que l'IA scie la branche sur laquelle je suis assis. Spécifiquement en tant que développeur backend.
Quand je vois ce que ChatGPT 3.5 peut me proposer comme code source pour réaliser certaines tâches, je comprends que mon métier est sur la sellette. Je sais que mon métier va "disparaître". Ou peut-être simplement - et moins dramatiquement - évoluer.
Peut-être l'avenir de mon métier sera celui suggéré par le magazine Coding1 dans son hors-série numéro 23 consacré à l'Intelligence Artificielle :
[L'IA] pourrait finir par n'être qu'un outil de plus dans le kit du développeur
Mais peut-être aussi que l'IA va finir par me (nous) remplacer. Pour une fois dans ma vie, je regarde le train passer devant moi, mais j'arrive à sauter dedans avant que le dernier wagon ne s'éloigne. Peut-être, finalement, que le métier de développeur backend va être dilué, avec d'autres professions du même milieu, dans le métier de prompt engineer.
Il y a l'art, et les artisans
Alors que je continue d'explorer ce que je peux faire avec Leonardo.ai, d'autres réflexions me viennent en tête. Je pense notamment qu'une autre évolution de mon métier reste possible, et j'en ai souvent parlé ici : la reconnaissance de la profession de développeur comme un métier de l'artisanat.
Un autre futur est imaginable, où l'IA pourrait satisfaire une large majorité de besoins en matière de développement, sans pour autant exterminer la profession de développeur qui continuerait d'exister sous la forme de petites entreprises artisanales, auxquelles on ferait appel pour des travaux spécifiques, requérant un niveau d'ingénierie particulier, ou une identité propre. Et cette réflexion pourrait se faire également, à terme, chez les développeurs frontend : s'il devient possible d'industrialiser le code, il ne fait aucun doute qu'on arrivera à industrialiser la production de contenu visuel. Dès lors, le no-code connaîtra un nouvel essor : les plateformes actuelles telles que wix pourront alors proposer non seulement des outils génériques d'édition de contenu - comme c'est déjà le cas - mais en plus, pourront générer des thèmes visuels vraiment personnalisés.
On peut se lamenter sur les conséquences probable de la généralisation de l'IA, comme je l'ai fait pendant longtemps. Mais on peut aussi se dire que c'est l'évolution normale, ou en tout cas habituelle. Il n'est donc pas idiot de penser que nos métiers pourront continuer d'exister et être valorisés, non plus en tant que partie intégrante d'entreprises diverses, mais en tant que métiers de l'artisanat.
De toute façon, autant s'y faire, considérant le déclin fulgurant de la cote des développeurs sur le marché professionnel en l'espace de quelques mois.
Conclusion
Mes contacts positifs avec ChatGPT et maintenant Leonardo.ai me donnent envie de continuer mon exploration des IA génératives, et même d'aller encore plus loin. Je veux finir par maîtriser ce que je ne connais actuellement qu'en théorie. Je veux désormais expérimenter, comprendre comment ça fonctionne, m'imprégner de la révolution en cours. Je ne veux pas commettre la même erreur que j'ai commise, successivement avec Google puis les réseaux sociaux : dire que "c'est de la merde" alors même que mon hostilité n'était qu'idéologique (quoique mon hostilité contre Google est toujours vive est argumentée). C'est peut-être ce qui m'a saboté sur le web, alors que j'y suis présent depuis près de trente ans.
J'ai de la chance dans mon malheur : a toujours me plaindre que je ne suis pas né au bon endroit ni au bon moment, j'ai aujourd'hui l'opportunité de suivre une tendance majeure affectant profondément l'avenir de la passion qui m'anime depuis mes cinq ans, et il est hors de question que je la rate une fois de plus.
Je ne sais pas encore sur quoi je jetterai mon dévolu ensuite, mais il est certain que des images provenant de Leonardo.ai fleuriront sur mon blog.