- En bref
- Acteurs et personnages
- Dinosaures
- Les sauterelles
- Bande-son
- Conclusion
- Mise à jour du 12 juin 2023
En bref
- Ce n'est pas le film que j'attendais, mais c'est peut-être mieux comme ça
- Un casting prolifique (trop ?)
Acteurs et personnages
Jeff Goldblum a incarné le Dr Ian Malcom dans tous les épisodes à l'exception de Jurassic Park III, tandis que Sam Neill et Laura Dern avaient zapé Le Monde Perdu et la saga Jurassic World. Tout le monde est là dans Dominion, et personnellement, c'est avec grand plaisir que je retrouve le Ian Malcom originel, loin du père névrosé du Monde Perdu. Je le préférais, malgré tout, dans son avatar de scientifique barbu, plus proche de ma vision de ce qu'est un scientifique, mais sa prestation est conforme au Dr Malcom de la première heure, mais avec beaucoup moins de répartie toutefois.
Trente ans se sont écoulés depuis Jurassic Park (!), et "malheureusement", cela se ressent : les corps sont fatigués et ont du mal à tenir la cadence imposée par l'histoire. Loin de moi l'idée de critiquer les vénérables acteurs : il me serait difficile de rivaliser physiquement même si j'ai vingt ans de moins ; mais on sent que le scénario était mal calibré, ou en tout cas, il l'aurait été pour des acteurs plus jeunes. De surcroît, l'arc narratif consacré à Sattler, Grant et Malcom est assez creux. On sent, malheureusement, qu'un volet de l'histoire n'existe que pour ré-intégrer les personnages originaux. Alors le coeur balance : content de les voir, mais frustré.
On retrouve, évidemment, Chris Pratt dans le rôle d'Owen Grady, et Bryce Dallas Howard dans le rôle de Claire Dearing, toujours aussi belle et sexy - même dans sa tenue de bûcheronne. Son interprétation est sans failles, contrairement à celles d'autres acteurs (que nous verrons plus loin), bien que certaines scènes soient quelque peu surréalistes, comme le parkour à Malte... En revanche, la scène avec le Therizinosaurus est d'une rare intensité. Bryce Dallas Howard est définitivement l'une de mes actrices préférées.
Chris Pratt est toujours, lui-aussi, l'un de mes acteurs préférés, et son rôle de cow-boy badass qui mène les Parasaurolophus aussi bien que des chevaux n'y est pas étranger. Et en prime, il est devenu papa-poule, et comme il galère un peu (comme tout parent d'ado), il en devient attachant.
Isabella Sermon incarne toujours Maisie Lockwood, devenue une jolie adolescente avec un fort caractère et un accent britannique parfait et donc, insupportable ! Je n'ai aucun doute que sa carrière ne fait que commencer et qu'elle ira loin ; elle a tout pour réussir. Je la vois bien comme une héritière de Keira Knightley...
B.D. Wong est toujours là dans son rôle du Dr Wu avec un twist "inattendu" (pour qui ne saute pas sur la moindre info émanant avant la sortie d'un film) : il cherche désormais la rédemption. Enfin conscient que le fruit de son travail produit des résultats catastrophiques à l'échelle planétaire, il entame une démarche de remise en question, d'acceptation de son échec, et de mise en oeuvre du nécessaire à sa correction. Il en devient presque touchant, alors que les différents arcs narratifs (notamment dans la franchise Jurassic World: Evolution et dans la série Camp Cretaceous) le présentait comme parfaitement imbuvable. C'est appréciable.
Plus anecdotiquement, on retrouve Justice Smith et la belle Daniella Pineda dans leurs rôles respectifs de Franklin Webb et Zia Rodriguez. Omar Sy a également rempilé pour ce dernier volet de la saga dans une scène qui rappelle furieusement le premier Jurassic World...
De nouvelles têtes font leur apparition, et notamment DeWanda Wise, très remarquée dans son rôle de Kayla Watts, pilote mercenaire, peut-être à voir comme le pendant féminin de Han Solo, naviguant dans les bas-fonds de la société pour se faire de l'argent avec des missions de transport de marchandises peu recommandées...
Pas fan de Dichen Lachman qui interprète une dealeuse de dinosaures. On veut que ce soit la bonasse méchante (pardon pour le phrasé boloss...), mais ce n'est pas une bonasse, et elle ne fait pas peur. En gros, elle m'en touche une sans faire bouger l'autre. On a vu des personnages féminins antagonistes bien plus charismatiques.
Un peu plus fan de Scott Haze dans son rôle de braconnier. Lui, il inspire vraiment la peur.
Mamoudou Athie est Ramsay Cole, second de Dodgson. Un acteur que je ne connaissais pas mais qui me plaît bien.
Spoiler
D'abord bras droit de Dodgson, il fini par retourner sa veste et aider l'équipe Sattler/Grant/Malcom. Dans ce genre de cas, on doute toujours un peu : va-t'il jouer double-jeu ou rester réglo avec de bonnes intentions ? Mais au final, c'est un bon gars. Et Athie colle très bien au personnage.
Campbell Scott interprète Lewis Dodgson, l'antagoniste du film. Lewis Dodgson est celui qui apporte du cash à Dennis Nedry dans Jurassic Park, ainsi qu'une canette de Barbasol utilisée pour voler des échantillons d'ADN à InGen pour le compte de BioSyn. Pas le même acteur qu'à l'époque ; néanmoins, Campbell Scott se révèle un antagoniste convainquant, quoique stéréotypé. La ressemblance avec Tim Cook (actuel patron d'Apple) est frappante ; la gestuelle et l'élocution sont troublantes tant elles semblent typiques des grands patrons de la tech.
Dinosaures
Les deux premiers volets de la trilogies se sont fait vertement critiquer sur beaucoup de sujets, mais en ce qui concerne spécifiquement les dinosaures, trois me viennent à l'esprit en particulier :
- des antagonistes fictifs, n'ayant jamais existé (Indominus rex et Indoraptor)
- trop de dinosaures "virtuels" quand le film originel faisait appel à des animatroniques
- l'irrespect des connaissances scientifiques de l'époque (notamment en ce qui concerne le plumage des dinosaures)
Force est de constater que le peuple a été écouté : l'apex est un Giganotosaurus, déjà aperçu dans Prologue ; il y a des animatroniques presque partout ; et le film offre à voir de nombreuses espèces encore jamais vues dans la saga et représentées avec un réel soucis d'acuité scientifique. Néanmoins, quelques concessions ont dues être faites, en particulier en ce qui concerne les rapports de tailles.
La liste des espèces s'est considérablement allongée, et bien que certains animaux ne soient qu'anecdotiquement présents à l'écran, ils ont le mérite de témoigner de l'envie d'en donner plus au spectateur.
Il y a, évidemment, les dinosaures stars de la saga, comme le Velociraptor et en particulier, Blue qui a eu un bébé, et le T. rex, et même une ribambelle de Dilophosaurus occupés à leur activité favorite : manger des méchants. On trouve aussi des créatures plus pacifiques, évidemment, telles que l'Apatosaurus ou l'Ankylosaurus. Je ne les citerai pas tous (il y a une liste - incomplète pour le moment - attachée à cet article), mais on retrouve des animaux connus (c'est-à-dire, déjà vus dans la saga), et des "petits" nouveaux, comme le Therizinosaurus qui viendra prêter main forte (les connaisseurs me passeront l'expression) au T. rex face au Giganotosaurus, ou les Atrociraptor qui donneront du fil à retordre à Claire et Owen.
Bref, il y a abondance et variété, et on notera que cela offre l'opportunité de renouer avec la véracité scientifique.
Les plus petites créatures sont presque toutes des animatroniques, et ça se voit. Bien que je salue chaleureusement le challenge que créer tous ces modèles a dû représenter, ils restent néanmoins très "robotiques", avec des mouvements clairement identifiables comme mécaniques. Franchement, j'ai du mal à percevoir une évolution technique entre les extraterrestres de Mos Esley dans le Star Wars de 1974 et les dinosaures de Malte dans Dominion.
Je ne blâme pourtant pas les créateurs de Dominion : je blâme les critiques et les spectateurs. "On veut ci, on veut ça, sinon on n'achète pas", et on se retrouve avec des animatroniques un peu partout, qui auraient davantage leur place dans un parc d'attraction réel que dans un film réaliste. Pour l'immersion, j'aurais largement préféré des dinosaures créés par ordinateurs. Si moins d'animatroniques avaient été produits, ils aurait peut-être été de meilleure qualité (au niveau mécanique), et on n'aurait moins reproché à Dominion son esthétique de série B. Néanmoins, le travail artistique réalisé sur ces animaux est excellent : ils feraient de magnifiques apports à un musée ou un parc.
Les sauterelles
J'ai soigneusement évité le sujet jusque là, mais impossible de faire une critique de Dominion sans parler des sauterelles. Comme d'habitude quand quelqu'un tente quelque chose de nouveau, on le met au pilori, et Colin Trevorrow n'a pas été épargné par les commentaires peu élogieux concernant le caractère central de sauterelles préhistoriques.
En gros, et pour éviter de spoiler, BioSyn n'a pas redonné vie qu'aux dinosaures mais aussi à des sauterelles, dont la firme a perdu le contrôle. Moi je dis : pourquoi pas ? Cela offre des perspectives de réflexion intéressantes. La notion de "contrôle" (omniprésente dans la saga), la puissance des compagnies tech, leur impact sur le monde, jouer à "Dieu", etc. D'autant que c'est ce qui fait le lien entre tous les personnages, et ficelle le scénario. En prime, ce n'est pas une création arbitraire : de telles sauterelles de la taille d'un chat ont bien existé au crétacé.
J'estime donc que ces sauterelles sont un outil narratif comme un autre et qu'il n'y a pas lieu de s'insurger contre leur présence dans un Jurassic Park.
Bande-son
Bien que Michael Giacchino soit toujours aux commandes, je reste sur ma faim. Alors que Jurassic World avait droit à son propre thème, marchant dignement dans les pas de John Williams, et que la musique de Fallen Kingdom n'était pas moins magistrale, celle de Dominion est beaucoup plus sage, presque fade. La revisite des thèmes "fondateurs" donne une impression de medley maladroit, et les notes originales sont presque évanescentes. Rien, dans la musique de Dominion, n'est reconnaissable, comme si le film ne méritait pas son identité.
Les bruitages en revanche sont excellents. La variété des dinosaures s'accompagne d'un assortiment de grondements, rugissements, ronronnements et autres bruits organiques tous (ou presque) très réussis, détaillés et diversifiés. Certains animaux très peu présents à l'image ont bénéficié de moins d'attention que d'autres, mais la quantité d'espèces introduites dans Dominion force l'indulgence.
Conclusion
Je suis ultra-fan de la saga ; il est donc difficile pour moi de rester totalement objectif. En outre, je me refuse à le traiter comme un mauvais film, et dans le même temps, je lui trouve des excuses :
- époque pas facile pour le cinéma avec le Covid
- trop de critiques à la con sur les deux films précédents
Certes :
- les animatroniques surnuméraires sont aussi sous-qualitatifs
- la baston finale n'a rien à voir avec celle de Jurassic Park, ou de Jurassic World
- rien n'a été filmé à Hawaii...
- la musique est... convenue, pas ambitieuse
- l'ancienne équipe est là surtout pour assurer le fan-service
Mais :
- Chris Pratt et Bryce Dallas Howard font un couple et des parents convaincants et attachants
- les lieux visités et le conditions météorologiques locales apportent de la nouveauté (pas de tempête cette fois-ci !)
- on met de nouvelles espèces en avant, en particulier le Therizinaurus, ou le Quetzalcoatlus
Spoiler
Allan et Ellie font ENFIN un bisou...
On reproche souvent, apparemment, la longueur du film, mais personnellement, je trouve qu'il manque des choses. Par exemple, Owen fait assez peu preuve de ses compétences en comportement animal. C'est au coeur du premier film, un peu moins évident dans le deuxième, constamment évoqué dans LEGO Jurassic World.
La conclusion du film résume plutôt bien mon livre : L'Humain, cette espèce primitive, en particulier le chapitre consacré à notre primitivisme social.
Mise à jour du 12 juin 2023
À l'occasion des 30 ans de Jurassic Park, je me suis refait un n-ième marathon de la saga. Et, ayant acquis l'intégrale sur AppleTV, j'ai accès à la version longue de Dominion.
Le sentiment que j'ai après le visionnage de la version longue, c'est que la version cinéma a été éditée à la tronçonneuse. Il manque beaucoup de scènes, souvent importantes, ou au moins utiles à la compréhension des situations. Subitement, le film devient intelligible, compréhensible, les choses ont du sens.
L'ancienne équipe n'est plus seulement là pour le fan-service, elle ne suit plus un prétexte à leur présence, les éléments narratifs concordent. Ce sentiment est tel que même la musique revêt une nouvelle importance et devient plus intense, alors que je déplorais sa timidité.
Le film s'en retrouve véritablement bouleversé à tout les niveaux.
Je crois que ma critique initiale était vraiment très dure, peut-être à cause de l'influence de beaucoup de contenu négatif laissé sur Internet à l'époque de la sortie du film. Mais force est de constater que ma critique n'est plus valable, une fois que l'on a vu la version longue.
Je vous le dis, vous en ferez ce que vous voulez : Jurassic World: Dominion est bien meilleur que ce que l'on a pu juger de la version cinéma. Regardez-le en version longue, ou ne le regardez pas...