Comment j'ai choisi mon microscope

Microscopie7 min de lecture
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Comment on se “lance dans la microscopie” ? Ce n’est pas si compliqué : il suffit de s’équiper, à commencer par un microscope, évidemment ! Et choisir un microscope, quand on est un simple amateur, se fait comme choisir n’importe quel équipement : c’est un compromis entre notre budget et ce que l’on veut en faire.

Méthode rapide de filtrage

Pour ma part, je commence toujours par la fin : que peut-on trouver de mieux ? Répondre à cette question permet de déterminer :

  • ce que j’appelle les limites commerciales, c’est-à-dire ce qu’une boutique non-spécialisée peut vendre
  • les caractéristiques de la machine la plus chère
  • le prix maximal

C’est trivial : il suffit de faire une recherche dans une boutique en ligne grand public, trier par prix décroissant, et on commence déjà à voir quelques références se détacher. Surtout, on voit déjà que la puissance du microscope est “limitée” : les meilleurs modèles montent jusqu’à 2500x. Partant de ce constat, on peut alors filtrer par le bas en éliminant les candidats qui n’atteignent pas cette puissance.

Une méthode plus conventionnelle, moins directe mais plus éclairée, consiste simplement à visiter la page Wikipédia consacrée aux microscopes. En plus de nous donner cette information concernant la puissance “maximale”, on y trouvera son explication théorique, et bon nombre d’informations supplémentaires.

Note : N’oubliez pas que la puissance d’un microscope correspond au produit du facteur de grossissement de l’oculaire (la partie au contact avec votre visage) et de celui de l’objectif. Un oculaire de 10x combiné avec un objectif de 40x vous offre un grossissement total de 400x.

Toutefois, la Wikipédia ne répond pas à une question à la fois essentielle et personnelle.

Que cherche-t-on à faire ?

Ce premier filtrage nous donne une bonne idée du budget minimal qu’il faut investir pour obtenir ce qu’il se fait de mieux. Reste à se demander : que cherche-t-on à faire avec un microscope ? Que désirons-nous observer ? Dans quel but ? Et quel investissement personnel sommes-nous prêts à faire ?

À quoi bon, en effet, dépenser une certaine somme pour un objet technique si c’est pour le laisser prendre la poussière ? Certains microscopes peuvent s’avérer de magnifiques objets de décoration, évidemment, quoique leur prix risque d’être dissuasif…

Il est crucial de se fixer des objectifs atteignables (le “A” de la méthode SMART1). Observer des virus, par exemple, n’en est pas un (même à 2500x avec un objectif à immersion, on ne peut pas les voir en détails). Mon objectif personnel est d’observer un tardigrade, et cela peut se faire avec un grossissement de 400x.

J’ai demandé à ChatGPT de me proposer quelques exemples de ce qu’il est possible d’observer à différents grossissements, et voilà un extrait de sa réponse :

  • Grossissement faible (40x-100x) : Tissus entiers, épiderme de feuilles, structures générales.
  • Grossissement moyen (100x-400x) : Cellules individuelles, structures telles que le noyau et les organites dans des cellules de taille moyenne.
  • Grossissement élevé (1000x) : Détails cellulaires fins, bactéries individuelles, détails des organites.
  • Grossissement très élevé (2500x, à immersion) : Bactéries détaillées, étude des parties fines du cytoplasme, certains virus grands mais toujours difficile à visualiser.

Un autre de mes objectifs est de partager mes observations avec internet. Il existe des systèmes (apparemment peu fiables) permettant de clipser le smartphone à l’oculaire du microscope, mais cette technique présente le double risque de casser l’oculaire ou le smartphone, et l’inconvénient de réduire, parfois significativement, la lumière arrivant jusqu’à l’objectif du téléphone. D’autres microscopes sont directement surmontés d’un écran (généralement de taille inférieure ou égale à 7 pouces, l’équivalent d’un grand smartphone ou d’une petite tablette), mais la prise de vue se fait généralement sur une carte SD ou via un dispositif de capture vidéo additionnel.

En ce qui me concerne, je préfère la solution de la caméra USB embarquée. Celle-ci se monte sur un oculaire (parfois dédié à la caméra dans le cas des microscope trinoculaires, c’est-à-dire dotés de trois oculaires), et présente l’avantage de pouvoir se brancher en USB à l’ordinateur. Dans ce cas de figure, la caméra offre un flux vidéo qu’il est possible d’exploiter avec des outils plus puissants, parfois directement fournis par le constructeur lors de l’achat.

Quand on a vu ce que l’on voulait voir

Si, un jour, je parviens à observer, filmer et photographier un tardigrade, je n’ai pas l’intention de mettre mon microscope au rebus. C’est mon objectif principal, mais toutes les observations que je ferai jusqu’alors seront tout aussi passionnantes. C’est là qu’intervient l’investissement personnel.

Observer devrait normalement signifier suivre la méthodologie scientifique. Ce qui implique de s’équiper de différentes verreries de laboratoire, telles que des pipettes, des béchers, des flacons de toutes sortes, des boîtes de pétri, des seringues, et surtout, des lames, le tout permettant de collecter et préparer les échantillons de la façon la plus basique. Enfin, cela implique de noter une série de métadonnées telles que la température au moment de la collecte, la date et l’heure, les coordonnées GPS, etc.

Je compare cette préparation à celle d’un jeu. En tant que joueur, sur plateau ou sur PC, la préparation de mon aventure est presque aussi exaltante que l’aventure en elle-même. Et alors que je dispose déjà de ce matériel et de quoi noter mes observations, je trépigne d’impatience, ne possédant pas encore mon microscope !

Et vous ? Pensez-vous que ces étapes préparatives risques d’être un frein à votre enthousiasme d’utiliser un microscope ? Certes, vous pourriez vous procurer des lames préparées à l’avance, et d’ailleurs, certains microscopes vous en fourniront. Mais êtes-vous prêts à faire vos propres préparations, avec vos propres échantillons ?

Peut-être que ce serait un excellent moyen de pratiquer ou s’initier à la méthode scientifique, justement.

Le jour viendra où l’objectif que vous vous serez fixé sera atteint. Un jour, je pourrais me dire : “J’ai observé un tardigrade vivant, de mes yeux, à travers mon microscope”. Et maintenant ?

Je serais bien tenté de dire que c’est maintenant que ça va devenir réellement intéressant : une fois passé le seuil de la découverte, c’est l’analyse qui devrait susciter votre curiosité. Puisque vous avez vu ce que vous vous étiez fixé comme objectif, quoi de plus intéressant que d’en voir d’autres, dans d’autres circonstances ?

Le jour où je tomberai sur un tardigrade, j’aurai scrupuleusement noté les différentes métadonnées qui lui sont relatives. Peut-être que cela se passera en été par 35 degrés. Je retournerai alors au même endroit, au mois de décembre. Et je verrai si un autre tardigrade veut bien passer sous ma lame. Et s’il y a eu un changement entre le tardigrade estival et l’hivernal.

De fil en aiguille, on change un paramètre à la fois, et on observe. Et on note.

Atteindre son objectif à l’achat du microscope ne devrait que renforcer son envie de l’utiliser de plus en plus, d’observer de plus en plus de choses, et risque bien de devenir une passion dévorante !

Sélection finale

À ce stade, vous disposez des informations externes les plus utiles : vous savez ce que vous voulez observer, vous connaissez la puissance à atteindre par votre microscope, et vous devriez avoir réfléchi à ce que vous ferez de vos observations : les garderez-vous pour vous ou allez-vous les partager avec tout le monde ?

Ainsi, vous pouvez vous poser la dernière question : quel budget je souhaite accorder à mon nouveau hobby ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il y en a à tous les prix, entre une cinquantaine d’euros pour un modèle qui tient dans la poche, utilisé par les scientifiques pour faire des examens sur le terrain, afin de déterminer rapidement un échantillon à prélever pour un examen ultérieur et approfondi, jusqu’à 2000€ pour les modèles les plus perfectionnés, en passant par toute une gamme de microscopes à moins de 400€ dits semi-professionnels, vers lesquels je me suis tourné, et que je vous détaillerai dans un article ultérieur.