Matériel et consommables

Microscopie10 min de lecture
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Une fois que les lames fournies avec le microscope (s’il y en a) ont été observées, deux options s’offrent à nous : acquérir de nouvelles lames préparées, ou les faire nous-même. Évidemment, la deuxième option est la plus intéressante.

Il est tout à fait possible de s’affranchir complètement d’acquérir du matériel supplémentaire, même pour effectuer des observations sans lames et sans colorants. Après tout, un microscope optique “simple” peut être vu comme une grosse loupe. Néanmoins, on peut progressivement passer à des observations de plus en plus détaillées et intéressantes en s’équipant correctement.

Je recommande d’éviter les grosses boutiques en ligne, et de leur préférer des revendeurs locaux. Il ne faut pas hésiter à demander aux pharmacies ou aux laboratoires qui pourront peut-être aiguiller vers des détaillants.

Pour ma part, j’ai fait une première commande chez un revendeur qui cible habituellement les écoles et lycées. Attention toutefois aux délais : il m’a fallu presque un mois entier pour mettre la main sur mes produits.

Lames et lamelles

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Une boîte de 50 lames plates. Les lames que je me suis procuré n’ont pas de caractéristiques particulières : leurs bords sont rodés à 90° (et non biseautés), les angles sont droits (certaines lames sont limées au niveau des coins, comme mes lames concaves vues plus bas).

Les consommables les plus évidents et à acquérir le plus tôt possible sont les lames, sur lesquelles les futurs échantillons seront disposés. Comme pour toute chose en ce monde, il en existe différentes sortes, de différentes tailles, avec différentes finitions et prenant place sur un large spectre de qualité. Cependant, l’avantage d’évoluer dans un milieu aussi “confidentiel”, c’est qu’il est assez facile d’obtenir des produits de bonne qualité.

Les lames sont notamment caractérisées par leurs dimensions, en particulier la largeur et la longueur. On trouve très facilement des lames de 75x25mm (ou 76x26mm), qui offrent une surface suffisante pour accueillir un bel échantillon ainsi qu’une étiquette pour le qualifier. Il existe des lames plus petites (46x27 ou 48x28) et des plus grandes (75 à 76mm sur 38 à 52mm).

Si l’on veut conserver ses lames, on trouvera plus aisément des boîtes pour des lames de 75x25 ou 76x26 que pour les autres dimensions. Pour ma part, j’ai trouvé des boîtes de qualité satisfaisante pour une quinzaine d’euros sur Amazon.

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Attribution : Richard Dern

Une boîte permettant d’archiver 100 lames d’observations de 76x26mm.

Les lames peuvent être totalement plates, ou concaves. Ces dernières sont idéales pour effectuer des observations de liquides sans écraser leur contenu. On placera alors une goutte du liquide à observer dans le creux prévu à cet effet. On peut tout à fait observer des liquides avec des lames plates, mais utiliser des lames concaves permet d’observer les mouvements de la Vie microscopique sans entraves.

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Attribution : Richard Dern

Une boîte de 50 lames concaves de microscope, avec une lame présentée au premier plan permettant d’observer le creux en son centre.

Certaines lames un peu plus haut-de-gamme offrent une surface sablée, permettant de bien différencier la zone observable et la zone sur laquelle on est censés marquer l’échantillon. En outre, le bord des lames peut être relativement brut (les rendant donc assez désagréables à manipuler). C’est pourquoi, là encore dans une gamme de prix un peu plus élevée, on peut trouver des lames avec des bords biseautés ou limés.

Mais, finalement, la caractéristique principale, celle dont on devrait le plus se préoccuper, c’est la clarté des lames. Elles doivent être faites d’un verre le plus pur possible (afin d’éviter des grains sombres dans les prises de vue). Malheureusement, il semble assez difficile de connaître cette caractéristique à l’avance, et il faudra sans doute se montrer un peu tolérant.

Les lamelles sont de fines plaques de verre recouvrant les préparations effectuées sur les lames. Elles permettent de protéger et de fixer la préparation, et évitent un contact direct avec l’objectif du microscope, en particulier à fort grossissement. Il paraît assez difficile de tomber sur de mauvaises lamelles, mais il est important de rappeler qu’il faut les choisir avant tout en fonction des objectifs du microscope : le marquage sur ces objectifs met en évidence l’épaisseur des lamelles à utiliser. Généralement, cette épaisseur est de 0.17mm.

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Deux boîtes de 100 lamelles couvre-objet. La boîte de gauche été vendue avec les lames concaves ; celle de droite était fournie avec le microscope.

Leur largeur et leur longueur dépendent évidemment des lames employées : pour des lames “classiques” de 26mm de large, on s’assurera que nos lamelles ne dépassent pas cette taille, sachant qu’elles font habituellement 20mm de côté.

En ce qui me concerne, j’ai payé 4€ pour une boîte de 50 lames de 76x26mm, mais 36€ pour une boîte de 50 lames concaves. Le microscope était vendu avec une boîte de 100 lamelles, et les lames concaves étaient fournies avec une autre boîte de 100 lamelles. Comptez 3€ la boîte de 100 lamelles achetée séparément.

Microtome

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Un microtome manuel rangé dans sa boîte et le rasoir qui l’accompagne. La molette permet de régler l’épaisseur de coupe.

Là encore, on peut tout à fait s’en passer, à condition de ne pas être trop exigeant. Le microtome est une trancheuse : c’est un outil pour réaliser des coupes d’une épaisseur très précise et réglable. On parle d’un outil qui permet de réaliser des tranches d’une dizaine de microns d’épaisseur.

Le gros problème du microtome, c’est qu’il n’en existe que deux types : le microtome manuel (qui coûte une cinquantaine d’euros) et le microtome de laboratoire (qui vaut plus de 2000€ !). Il n’y a rien entre les deux. Il ne faut donc pas avoir peur de manipuler un rasoir capable de réaliser des tranches aussi fines.

Le microtome manuel consiste en une pièce de métal dans laquelle on va insérer notre échantillon à découper et d’une lame (un genre de rasoir de barbier). Il est doté d’une molette permettant de choisir l’épaisseur de la coupe.

Si vous trouvez un détaillant de matériel de laboratoire près de chez vous et que la découpe des échantillons vous fait peur, vous pouvez toujours lui demander de le faire sur place, mais il vaut mieux le faire soi-même pour travailler avec des échantillons biologiques (animaux et végétaux). “Sous-traiter” sera plus approprié pour des échantillons de roches ou de minéraux.

Un microtome manuel est plus facile à manipuler quand on piège notre échantillon dans de la moelle de sureau. Cela fera l’objet d’un article dédié ultérieurement, mais avoir quelques bâtons de moelle dans son inventaire n’est pas superflu.

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Quelques bâtons de moelle de sureau synthétique.

Il va s’agir de tailler dans cette moelle un moule pour l’échantillon à découper afin qu’il reste bien en place et que la découpe soit bien nette (au lieu de l’écraser ou l’érafler). On pourra alors insérer la moelle dans le microtome et procéder à un découpage propre.

Il existe des moelles synthétiques un peu moins chères et tout aussi efficaces. Il faut compter 4€ pour six bâtons.

Il m’est encore difficile de quantifier mes besoins de ce type mais je pense que, même en prenant en compte le facteur “maladresse”, 6 bâtons sont un bon début.

Produits chimiques

L’utilisation de certains produits chimiques va permettre différentes choses dont je parlerai en détails dans le prochain article. On peut déjà mentionner que nous aurons “besoin” de divers colorants et fixateurs.

Leur usage introduit certaines “complexités” qui rendent l’exploration microscopique encore plus intéressante. Nous verrons dans ce prochain article les différents produits chimiques que nous pourrons utiliser, ainsi que les procédures et méthodologies associées.

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Un assortiment de produits chimiques de base. De gauche à droite : beaume du Canada pour fixer les préparations, lugol (eau iodée), et trois colorants parmi les plus utilisés : fuchsine de Ziehl, éosine et bleu de méthylène.

Il est tout à fait possible de complètement s’en passer : les fixateurs vont essentiellement permettre de figer les préparations dans le temps pour un stockage de “longue” durée et les colorants permettent d’améliorer le contraste de certaines structures cellulaires. Mais on peut faire de magnifiques observations éphémères sans ces produits, et surtout, sans altérer l’échantillon : nous verrons que ces produits chimiques ont leur utilité dans certains contextes, mais ne devraient pas être utilisés systématiquement.

Les tarifs sont variables. Il faut compter 5€ environ pour un flacon de 10ml de colorant par exemple, et une vingtaine d’euros pour certains fixateurs. On préfèrera d’ailleurs les colorants sous forme liquide afin d’éviter de devoir les doser soi-même, mais si vous le voulez vraiment, il est tout à fait possible d’acheter les colorants sous forme de poudre.

Outillage

Là, on peut laisser libre-court à sa fantaisie : l’essentiel est de disposer de pinces et de truelles assez petites pour manipuler des échantillons de l’ordre du millimètre. On doit pouvoir déposer délicatement l’objet à observer sur la lame, qu’il s’agisse d’une tranche de tissus musculaire ou de tige de plante, sans l’écraser. Les spatules (ce que j’appelle ironiquement des “truelles”) serviront au dosage des colorants par exemple, ou pour déposer des grains fins pour observer du sable ou de la terre.

Pour ma part, j’ai opté pour une trousse de dissection qui contient tout le nécessaire, en plus d’avoir son propre rangement… Comptez une trentaine d’euros pour un kit complet.

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J’ai choisi une trousse à outils contenant, je l’espère, tout ce dont je vais avoir besoin : ciseaux, spatules et diverses pinces destinées à manipuler des objets microscopiques.

Notez qu’il faut prévoir du matériel de qualité médicale : oubliez le matériel en plastique. Dans l’absolu, il faudra nettoyer, désinfecter et stériliser le matériel. N’envisagez pas autre chose que de l’acier inoxydable.

Verrerie

Catégorie un peu fourre-tout. J’ai probablement acheté plus que ce dont je vais avoir besoin, mais je suis prévoyant 😁

Le strict minimum va consister en un ensemble de bocaux de tailles diverses. Leur rôle sera de stocker les échantillons entre le moment de leur prélèvement et leur observation. J’ai acquis des flacons entre 10 et 200ml, en verre de qualité laboratoire, avec des bouchons étanches (scellés par une membrane en plastique).

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Une boîte de flacons en verre à bouchon avec opercule. Ces flacons peuvent contenir 20ml de liquide.

Des pipettes seront nécessaires. On peut opter pour des pipettes en plastique, mais j’ai préféré prendre de grandes pipettes en verre, surmontées d’une pompe en caoutchouc : c’est robuste et réutilisable à l’infini.

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Une pipette de 10ml, sa pompe en caoutchouc et sa brosse de nettoyage.

Un avantage de ces — relativement — grandes pipettes est qu’elles facilitent les prélèvements dans des cuvettes un peu profondes, telles que des bassins ou petites mares.

Des boîtes de Petri seront également utiles. On peut en prendre de toutes les tailles : du “verre de montre” de 2cm de côté aux boîtes plus grandes permettant de cultiver le fameux blob. Tout dépend de ce que vous avez l’intention de faire, mais rappelez-vous qu’une boîte de Petri a d’autres usages que simplement faire pousser des moisissures (qui restent fascinantes à observer évidemment).

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Une boîte de Petri de 100mm aux côtés d’une boîte de 40mm. Chaque taille a ses usages !

Ici, le budget est très variable. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus cher, mais il faut s’assurer de la qualité des produits. Je dirais qu’un budget de 50€ serait raisonnable pour un genre de kit de démarrage avec des flacons, des pipettes et des boîtes de différentes tailles.

Conclusion

En plus du prix du microscope, il faut compter l’achat de différentes fournitures, dont certaines sont des consommables. Néanmoins, il faut relativiser ces dépenses : elles restent très ponctuelles, et à moins d’effectuer des dizaines d’observations par jour, il est probable que l’achat initial dure plusieurs mois, voire plus.

J’ai acheté certains produits parce que j’ai lu sur Internet que j’allais devoir m’en servir. Pour d’autres produits, j’y suis allé au feeling, et comme je l’ai dit, je suis prévoyant. Je découvre tout cela. Cela fait partie du voyage, et c’est ce qui m’intéresse.

C’est pourquoi je consacrerai le prochain article spécifiquement aux colorants. Leur composition, leur action chimique, les procédures d’usage, tout ce qui les concerne est passionnant en soi, et en apprendre plus me permettra de réaliser des observations encore plus intéressantes et plus belles que ce que j’ai vu pour l’instant, c’est-à-dire pas grand chose finalement ! La faute aux délais de livraison en novembre et décembre…